Autour des réalisations de Léonce Léglise
Ce développement résulte de la coordination de plusieurs volontés :
- une volonté politique, volonté de modernité que l'on doit au maire Robert Bézos
- une inspiration architecturale que l'on doit d'abord à Léonce Léglise puis à ses successeurs
- la mise en œuvre par une équipe d'artisans bâtisseurs locaux
C'est par ce dernier biais que l'on peut envisager de découvrir quelques aspects du village.
Ce choix résulte aussi d'une volonté d'originalité, mais il permet surtout de s'appuyer sur un grand nombre de documents patrimoniaux et familiaux retrouvés ces dernières années.
Nous prenons donc le parti de suivre le travail d'un charpentier qui s'entourera d'une vaste équipe d'artisans et d'ouvriers présents sur le territoire et aux environs immédiats.
Léon Duhurt né à Brocas-les-Forges en 1883 devient en 1903 Compagnon Passant Charpentier du Devoir, Bon Drille du Tour de France, sous le nom de Landais l’Ami du Trait. Son tour de France l’avait conduit en particulier à Bordeaux, Toulouse et Tours. Il était fils et petit-fils de charpentiers issus du village de Cachen, comme plusieurs de ses oncles et cousins également charpentiers.
Son père Jacques fut à l'œuvre à Brocas et dans les villages voisins jusqu'à sa mort en février 1910.
Date marquante puisque l'architecte Léonce Léglise dresse en janvier 1910 les plans de la "Villa sans Nom" (érigée à l'entrée Sud du village) : c'est Léon Duhurt avec son équipe qui réalisera les travaux.
Il s'associe très vite avec son cousin Jean, dit Zéphyrin, également charpentier.
Si la Villa sans Nom est incontestablement l’œuvre de Léonce Léglise et de Léon Duhurt, rien ne permet de leur attribuer la construction de la maison de la rue Tinarrage, mais les caractéristiques architecturales sont très proches, on peut jouer au jeu de différences et/ou des ressemblances…
En 1923 Robert Bézos, en lien étroit avec Léonce Léglise, souhaite faire entrer Brocas-les-Forges dans la modernité et la transformation de la halle en Mairie débute au début du mois de septembre.
C’est la même équipe de bâtisseurs qui se met à l’œuvre sous la houlette de Léon Duhurt, suivant les plans de Léonce Léglise.
Les travaux vont s’étaler sur plus de trois ans, et l’on retrouvera au début des années 2010 la trace du passage de Léon Duhurt au dos d’une contremarche d’un escalier annexe de la Mairie…
En 1926, pendant que se déroulent les travaux de la Mairie, Robert Bézos demande à Léonce Léglise de faire réaliser (toujours par l’équipe de Léon Duhurt) des modifications de sa propre habitation : il s’agit d’ajouter une terrasse et une pergola, en modifiant le perron. Pour harmoniser le style avec la Mairie située en face on ajoute des avant-toits. Ces avant-toits se retrouveront également au niveau du presbytère qui perdra par contre ses lucarnes. Mais la maison de Léon Duhurt, quasiment en face du presbytère, ne recevra pas d’avant-toits…
C’est également pendant la période des travaux de la mairie que seront construits, en 1925, pour Monsieur de Milly le pavillon “du contremaître”, et un ensemble de quatre logements (rue de Milly)
Dans la nuit du 2 au 3 mars 1928 la voûte de l’église romane s’effondre.
Rober Bézos et Léonce Léglise s’engagent plus loin encore dans la recherche de la modernité du bâti et proposent que la nouvelle église soit réalisée en béton armé : une première, et l’église restera unique en son genre dans le département. Témoignage, comme la mairie, du style Art Déco elle reprend en façade des caractéristiques de l’ancienne église romane. On y retrouve également un rappel de la mosaïque de la mairie réalisée par Anselme Foscato à Bordeaux. Léon Duhurt travaillera à cette réalisation en tant que charpentier et entrepreneur, très intéressé par ces nouvelles techniques de construction.
La construction sera achevée sous la direction de l’architecte Franck Bonnefous successeur de Léonce Léglise. [D'avantage d'informations sur l'église Saint Jean-Baptiste par ICI]
En 1928 Léon Duhurt établira lui-même le projet et réalisera la construction du logement et de l’atelier du menuisier Georges Dubucq
avec lequel il travaille régulièrement (rue de la gare)
En 1930, le village n’ayant plus de boulanger, Léon Duhurt sera l’un des trois fondateurs d’une boulangerie coopérative. Et il en sera là encore le bâtisseur...sur des plans de Léonce Léglise qui n’en verra jamais la réalisation puisqu’il décède pendant les travaux.
Et à côté de la boulangerie coopérative sera construite en 1937 une maison plus caractéristique des choix architecturaux de l’époque, même si on n’en connaît pas l’architecte concepteur, on en connaît les charpentiers à l’œuvre : les frères Ferdinand et Lazare Jouglens, qui travailleront pendant de nombreuses années avec Léon Duhurt, ainsi qu’en témoignent quantité de documents.
On peut remarquer l’entrée sous un porche à colonnades, les imitations de pans de bois et ce toit à double pente aux extrémités tronquées, un aspect qui apparaît dans plusieurs maisons bâties dans le village au même moment.
En 1943 Léon Duhurt établira les plans et réalisera l’extension d’une pergola (rue du stade), et il avait à coup sûr participé à la construction initiale.
Même s’il avait soumissionné pour la construction des Bains-Douches nous n’avons pas la certitude qu’elle ait été l’œuvre de Léon Duhurt sur les plans de Franck Bonnefous.
Outre les œuvres bâties Léon Duhurt mettra ses connaissances de génie civil au service de la construction et/ou reconstruction de tous les ponts de Brocas-les-Forges, mais aussi de Cère, de même qu’il assurera la modernisation des voiries sur les chemins vicinaux de la commune.
Léon Duhurt a aussi œuvré pour Léo Bouyssou, député des Landes de 1906 à 1935 auquel succèdera Robert Bézos après son décès brutal, en 1935.
Léo Bouyssou s’était impliqué dans la réalisation d’habitations à bon marché (HBM) dans les années 1930
(voir par exemple les maisons de la rue qui porte son nom à Mont-de-Marsan).
En parcourant les rues de Brocas-les-Forges le promeneur pourra rechercher d’autres témoins du bâti de cette première moitié du vingtième siècle, où l’on retrouve des aspects architecturaux caractéristiques, évoquant les travaux de Léonce Léglise et de ses successeurs, repris par les artisans bâtisseurs du village.
Et puisque nous avons choisi d’évoquer la bâti de la première moitié du vingtième siècle on aurait pu débuter par les maisons ouvrières de la rue Garès, connue aussi sous le nom de “cité Garès”, qui correspondaient à l’habitat des ouvriers de l’usine Garès située près de la gare
ou encore avec cette curieuse “double arcachonnaise”, rue du fronton.
On pourrait terminer par une belle maison dont la construction s’est achevée le 1er janvier 1950 fin de cette première partie du siècle…
ou par la maison de Camille Lugardon (date de construction et/ou de modification incertaine)...
...et la maison bâtie par Léon Duhurt en 1942 à côté de celle construite par son père en 1894